Journée en enfer ou le passage tant redouté de la frontière ...
- aschiettecatte
- 19 févr. 2019
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 avr. 2019

Après quelques jours paisibles sur l’île de Koh Trong, loin du tumulte de la ville, on se prépare mentalement à affronter une journée en enfer pour passer la frontière Cambodge-Laos.
La journée commence tôt. Debout à 5h30 pour quitter l’île avec le premier bac qui fait la traversée quotidiennement vers Kratie. Jusque là, tout va bien. Ensuite, on patiente un petit moment à « l’agence » avec laquelle on a réservé nos différents trajets jusqu’au Laos. On embarque alors avec 2 jeunes anglais et un japonais dans un minivan pour faire 500m et aller à la place du marché, qui fait apparemment également office de gare autoroutière 😳🙄. L’étonnement se lit sur notre visage à tous lorsque l’on nous demande de changer de véhicule et de monter dans un autre bus. Bonjour l’efficacité ! Et c’est à partir de ce moment-là que les festivités commencent... . On embarque et on entasse à l'intérieur du bus : hommes, femmes, enfants, provisions en tous genres et même une moto (oui oui, vous ne rêvez pas) ainsi qu'un moteur de bateau ! Autant vous dire que l’on est serré. Finalement, on met plus d’une heure et demie pour faire à peine 2 km tant les arrêts sont nombreux et longs (charger une moto ou jouer à Tetris pour embarquer un maximum de passagers et leurs bagages ne se fait évidemment pas en 5 minutes).
Serrés comme des sardines, on arrive finalement à Stung Treng, dernière ville cambodgienne avant la frontière, vers midi. On nous débarque, hors du centre, devant ce qui semble être une maison, faisant office à la fois de resto, de station essence, et d’agence de transport. Lorsque j’interpelle le chauffeur pour lui demander quand arrivera le bus qui doit nous emmener jusqu’à la frontière, la seule réponse qu’il daigne me donner est bientôt. J’insiste encore et encore pour avoir plus de précisions et il finit par prendre son téléphone pour se renseigner davantage. N’arrivant à joindre personne, il nous abandonne à notre propre sort et remonte dans son bus. J’avoue ne pas être de très bonne composition aujourd’hui et Fred en fait malheureusement les frais. Ne pas savoir si et quand un véhicule va finalement venir nous chercher, me met hors de moi ! D’autant plus que tout a été payé à l’avance et que l’on n’a aucun moyen de trouver de plus amples informations. Beaucoup plus zen que moi, Fred me dit de patienter, que c'est ainsi que les choses se passent au Cambodge, qu’un bus finira par arriver et que l’on trouvera bien un plan B si cela s'avère nécessaire. Bref, on attend, encore et encore….
Au final, on passe 4h dans ce petit boui-boui, en plein soleil avec seulement quelques chips et de l’eau pour nous sustenter. Je commence sérieusement à m’inquiéter car la frontière ferme à 18h. Même si on arrive à quitter Stung Treng, il faut encore passer les postes de contrôle dans les temps. J'ai lu que certains voyageurs restent ainsi bloqués dans le no man’s land entre les 2 frontières et doivent passer la nuit dans des conditions misérables à prix d’or. Hors de question que cela nous arrive ou que l’on reste coincé à la périphérie de Stung Treng. Bref, lorsque arrive un car rempli de touristes et qu’un convoi s’organise pour eux en direction de la frontière, je me dirige d’un pas décidé vers le mini-van et exhorte les enfants à s’installer au plus vite sur un siège. Dans ce mini-bus de 12 places, nous sommes finalement 20 touristes entassés les uns sur les autres, sans oublier les nombreux bagages. Qu’à cela ne tienne, on sent bien que ce véhicule est notre seule et dernière chance de passer la frontière aujourd’hui. Heureusement pour nous, les autres passagers, essentiellement des allemands et des français, ne nous en veulent pas de nous imposer ainsi dans le mini-bus. La mine épuisée de nos 3 canailles y est sans doute pour beaucoup. Une vraie solidarité s’installe et chacun raconte sa propre version du périple qui l’a amené jusqu’ici. Assis à 5 (plus la guitare) sur deux sièges, on est soulagé à l’idée de peut-être dormir au Laos ce soir. Mais ce n’est pas encore gagné. Arrivé à la frontière qui ferme dans moins d'une demie-heure, chacun de nous doit encore remplir un formulaire de sortie du Cambodge et un formulaire d’entrée au Laos. L’officier de garde nous presse et récolte vite nos passeports en disant qu’il peut nous faire passer la frontière de justesse. Mais pas gratuitement bien entendu ! Cela nous coûte 5USD par personne mais là, après plus de 12h de route et d’attente, on n’a qu’une seule envie : passer cette satanée frontière et ne surtout pas rester coincé entre les deux pays. Finalement toutes nos discussions pour savoir si, oui ou non, nous allons nous laisser faire et payer pour passer la frontière, ainsi que tous les plans élaborés pour savoir comment faire plier l’officier derrière son guichet, sont réduits à néant en quelques secondes. Et étonnamment, parmi les 15 personnes qui nous accompagnent (dont plusieurs jeunes backpackers), personne ne conteste et tous le monde participe à cet exemple flagrant de corruption... .
On est soulagé lorsque l'on passe la frontière... à 18h pile ! En attendant de récupérer nos passeports, le bus s’arrête à un petit bar de fortune le long de la route et tous se précipitent pour acheter une bière bien fraîche (ou une bouteille d’eau dans mon cas) pour fêter l’arrivée au Laos. Encore une heure de route jusqu'aux 4.000 îles, où l'on est à nouveau débarqué au milieu de nulle part, dans le noir, avec pour seule indication de marcher pendant un bon kilomètre jusqu’à l’embarcadère. Là, un bateau doit nous amener à Don Khon. Sauf que le bateau s’arrête à Don Det, autre petite île, plus festive, voisine de la nôtre. Je m’excite encore une dernière fois en précisant que nous avons payé un billet jusque Don Khon et que je refuse de trimballer mes enfants, à pied, en pleine nuit, avec full bagages sur le dos de l’autre côté de l’île. Voyant cette furie se déchaîner devant lui à cette heure tardive, le jeune laotien finit par nous trouver un transport à ses frais. Il est 20h30 quand nous déposons nos bagages dans notre chambre et, après avoir grignoté un petit truc rapide au resto de la guesthouse, toute la famille s’écroule de fatigue.
Quelle aventure ! Le passage de la frontière a tenu toutes ses promesses. Cette journée a été éprouvante mais les enfants ont été top ! Ils nous ont réellement épaté ! Malgré les longs trajets, les attentes, l’inconfort des transports, le stress de leur mère, ils n’ont pas bronché (ou très peu)… suscitant l’admiration des autres voyageurs surpris de voir ces 3 petits bouts porter leurs sacs d’une frontière à l’autre, dans la chaleur. Bravo les enfants... on est vraiment fier de vous ! Et merci à mon cher mari pour son calme légendaire !
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