JOURNEE AVEC OM : MEKONG EDEN FARM
- fferrard
- 16 mars 2019
- 4 min de lecture

Quel touriste penserait à passer une journée à la ferme lors d’un séjour à Luang Prabang ? Pas nous… et bien, pourtant si.
Brent, un Américain, qui gère notre guesthouse, nous a donné ce tuyau en or : « Allez parler à Om, il a un chien qui mange de l’herbe, deux buffles sur lesquels on peut monter, un dindon et des poules qui raviront vos enfants. Sa ferme n’est pas une ferme ordinaire, elle se trouve cachée dans la jungle le long du Mékong, au pied de la montagne, à une heure de Luang Prabang, et on ne peut y accéder que par bateau … ».
Waw ! ça avait l’air tellement mystérieux et attractif que nous n’avons pas hésité une seconde. On est donc allé voir Om, un jeune Laotien de 28 ans diplômé en biologie qui s’est lancé dans le développement durable en créant sa propre ferme biologique. On lui a dit qu’on venait de la part de Brent (qu’il connaissait bien) et demandé si on pouvait passer voir sa ferme. Il nous a répondu avec enthousiasme, en nous demandant à son tour si on voulait également voir son village natal situé tout près de sa ferme et assister à une cérémonie du Baci, typique du Laos. On a foncé.
Nous nous sommes donnés rendez-vous 2 jours plus tard au magasin de Om. Il possède un petite épicerie située dans une ruelle au centre de Luang Prabang et y vend ses produits de la ferme, issus entièrement de l’agriculture biologique. Sa boutique est, à l’image de l’homme, plutôt discrète. Om ne figure pas dans les guides de voyage et on ne parle pas de lui à l’office du tourisme ou dans les agences de la ville. Et pourtant, il a été choisi lors de la visite de Barack Obama (n.b.: premier président américain à effectuer une visite officielle au Laos, en 2016) pour donner un discours public sur le développement durable. Dans le magasin, on peut voir la photo de la poignée de mains entre Om et Barack Obama. Saisissant quand même… .
Sur le bateau, Om nous parle avec simplicité de sa vie, de son projet, de sa ferme, et de son pays. Il a étudié la biologie à Vientiane et est parti pendant deux ans en Pologne pour y faire des études de nutrition. L’homme parle très bien anglais, est brillant, charmant et passionné. Il a racheté le long du Mékong un lopin de terre appartenant à son oncle pour y cultiver ses fruits et légumes (près de 100 variétés différentes !). On ne peut y accéder que par voie fluviale. Tous les produits de la ferme destinés à la distribution sont donc transportés par bateau. Il a appelé le lieu « Mekong Eden Farm ».
Il fait gris et brumeux aujourd'hui sur le Mékong. Ici, ce sont la jungle et les montagnes, dont on voit à peine les sommets, qui bordent le fleuve. Om nous dit qu’il y a des pythons dans les parages, mais qu’il y a peu de chances de les croiser. Ouf ! On a l’impression qu’on va pénétrer le domaine de l’île imaginaire de King Kong… .
Après près d’une heure de navigation, Om arrête le bateau pour nous faire visiter son village natal, Pak Long. Quel bol d’air pur d’authenticité. On remonte des décennies en arrière. Le village n'est pourtant situé qu''à une dizaine de kilomètres de Luang Prabang. Om nous montre le temple bouddhiste de son village, encerclé par la végétation. C’est surprenant de voir un temple majestueux dans un lieu si isolé et défavorisé. Il n’y a qu’un seul moine bouddhiste pour l'entretenir. Celui-ci prend d’ailleurs le temps d’une pose photo avec les enfants. C’est surtout le silence qui règne ici. Les villageois que nous croisons font la sieste dans les hamacs, jouent aux cartes ou fabriquent des objets en bambou. Une atmosphère familiale et apaisante.
Après cette petite incursion dans le quotidien de Pak Long, nous reprenons le bateau en direction de la 'Mekong Eden Farm'. C’est étrange car, à partir du bateau, rien ne laisse présager du lieu que nous allons découvrir. Tout semble dissimulé. Il n’y a que la jungle, la montagne… et un chien. Mais en débarquant, nous sommes rapidement accueillis par un trio de musiciens (amis de Om) qui nous joueront pendant longtemps des airs de musique laotienne à laquelle Arthur s’essaiera d’ailleurs aussi. L’endroit est fascinant, nous sommes totalement isolés, comme perdus dans la forêt avec une vue spectaculaire ouverte sur le Mékong et l’horizon lointain… .
Om nous montre fièrement son potager, ses plantations, son poulailler. On est loin de toute civilisation. Tout est forêt d’arbres, feuilles géantes, à flanc de colline. Comme l’île de Robinson Crusoe. Les enfants adorent. Ils passent beaucoup de temps à jouer avec les poules, les poussins, le dindon, à lancer la 'balle de fruit' dans le Mékong pour le chien, ou à 'monter à buffle'.
La journée se termine par le Baci, cérémonie populaire du Laos pratiquée dans les moments importants de la vie tels que naissance, mariage et obsèques, où l’on 'rappelle les âmes’. Nous formons avec les anciens du village un cercle autour d’un plateau sur lequel figurent des fleurs et des fruits. Tous chantent en invoquant les divinités pour nous 'protéger', tout en nouant autour de nos poignets des fils de coton, dont nous portons encore la trace aujourd’hui (et probablement jusqu’à la fin du voyage). C’est un grand moment d’émotions qui nous fait ressentir toute la bienveillance et la générosité du peuple laotien.

Pour finir, avant de se quitter, les musiciens reprennent leur instrument devant un coucher de soleil à nouveau mystique à l’horizon. Comme une chanson d’adieu avec le fleuve du Mékong que nous quittons définitivement aujourd’hui après avoir passé 2 mois et près de 2000 km en choeur avec lui.
Luang Prabang figure tout en haut du classement des lieux où nous serons restés 'basés' le plus longtemps jusqu’à présent. Les ruelles, les temples, les marchés, la vie locale… on a adoré ! Nous y sommes restés 12 jours (record 'sédentaire' du voyage jusqu’à présent), mais cette journée à la ferme de Om était à part. Mekong Eden Farm est un véritable paradis, une magnifique fin d’aventure au Laos, et assurément le coup de coeur dans le coup de coeur qu’était Luang Prabang.
Demain, on s’envole pour le Yunnan en Chine… .
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