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Battambang, sa campagne et son cirque...

  • fferrard
  • 2 févr. 2019
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 mars 2019



Aujourd’hui c’est notre dernière matinée dans la capitale. Nous avons finalement vécu six jours paisibles à Phnom Penh, et nous avons la conviction de nous y être sensiblement enrichis culturellement et humainement. Pourtant la plupart des commentaires que nous avions lus ou reçus étaient plutôt péjoratifs : ville quelconque, bruyante, sans charme,… . Tout sauf ça pour nous! Une île de la Soie où l’on a partagé tant de choses avec ses habitants, une visite de musée bouleversante qui nous a enseigné une partie de l’histoire du Cambodge que nous connaissions peu, un palais royal d’une beauté éclatante, un marché central plein de vie, immense et captivant,… .

Finalement, une métropole avec une atmosphère généralement accueillante. Oui, nous sommes donc contents non seulement d’être passés par ici mais surtout d’y avoir prolongé notre séjour. Nous quittons Phnom Penh avec le sentiment d’avoir vécu quelque chose de fort.


Une route de 300 km nous attend cette après-midi.

Destination : Battambang, 2ème ville du Cambodge, située dans le nord-ouest non loin de la frontière avec la Thaïlande. En tenant compte des multiples arrêts que fait le chauffeur pour embarquer et débarquer les navetteurs locaux ou leurs marchandises, on en a pour 5 heures de route. Ici, on avale les kilomètres sans traverser de nature vierge. La route est jonchée d’habitations ou d’échoppes sur ses abords. Pas le temps d’avoir un regard rêveur dans la végétation, l’oeil est sans cesse capté par toute cette activité abondante (ça change du tronçon Namur-Luxembourg à travers les Ardennes belges… ;-).


Nous arrivons en début de soirée à Battambang et prenons place dans notre guesthouse. Nous nous empressons de manger avant la fermeture de la cuisine (on ferme de manière générale assez tôt en Asie du sud-est). C’est à ce moment qu’une voix nous interpelle en français : «Si vos enfants veulent voir un grand gecko, il y en a un gros caché derrière le tableau sur le mur là-bas…». Le sang de Gabin et Arthur ne fait qu’un tour, tous deux se ruent vers le lézard pour l’observer. Et c’est le début d’une chouette rencontre avec un couple franco-allemand expatrié. Albrecht a quitté son pays natal (l’Allemagne) et vit depuis plusieurs années à Battambang avec son épouse française, Véronique, qu’il a rencontrée lors d’un voyage au Cambodge plusieurs années auparavant. Du coup, Manon a pu échanger quelques mots en allemand… . Mais quelle aubaine d’avoir pu faire leur connaissance! Albrecht est une mine d'or et nous a donné de précieux conseils qui ont sérieusement changé la donne au niveau de la suite de notre périple au Cambodge, au Laos et en Chine. Après plusieurs discussions, nous avons retracé notre route, ou plutôt revu nos idées d’itinéraires vu que nous n’avions pas encore planifié grand-chose (c’est là tout le plaisir et l’avantage de la non-programmation).


Suivant l'avis d'Albrecht, nous passons notre première journée à sillonner dans les alentours de Battambang. La campagne est en effet magnifique. Avant cela, nous effectuons un premier arrêt dans une des plus vieilles maisons de la ville. Construite en 1920, elle fut prise et occupée par les Khmers rouges durant les années de guerre. La plupart des membres de la famille propriétaire furent exécutés, mais la maison fut récupérée 'par chance' par une des petites-filles qui était la première à pénétrer dans les lieux après la fin de la guerre. La maison est demeurée quasi intacte. Certes il y a eu quelques travaux de restauration, mais les pièces sont toutes bien conservées et tous les meubles de l’époque s’y trouvent encore.


Nous poursuivons ensuite notre route en tuk-tuk - le moyen de transport au quotidien ici - vers le temple Prasat Banan située en haut d’une colline auquel où on accède en empruntant un escalier de 358 marches (mais Arthur nous dira que c’est faux, il y en a exactement 339… ;-). Le temple se trouve esseulé, perdu en pleine nature. La vue au sommet (360°), même cachée par la végétation, est somptueuse.

Nous terminons enfin la journée par la visite du temple de Phnom Sampeau, situé lui aussi en haut d’une montagne où nous accédons à moto cette fois, à la grande joie des enfants. Aujourd’hui c’est un lieu célèbre de pèlerinage bouddhiste, mais l’endroit est également connu pour ses « killing caves », encore un des nombreux lieux d’exécution utilisé par les Khmers rouges. Près du temple, après une série de sculptures en pierre représentant des scènes de torture, exposées en pleine nature, on peut voir au fond d’une grotte les crânes et ossements de nombreuses victimes entassés dans une cage en verre aux côtés d’un Bouddha couché. Encore un moment et un endroit de grand silence et de réflexion… . Décidément, le voyage à travers ce pays nous ramène souvent à cette période triste de l’histoire, et cela nous marque énormément Anne et moi. Me dire que je venais de naître et qu’en même temps l’horreur était présente ici, c’est un sentiment à la fois déconcertant et d'incompréhension… .



Nous roulons ensuite un peu plus loin jusqu’au sommet où se trouve un autre temple « gardé » par des singes en liberté. Ceux-ci sont partout, ils grimpent, sautent, et sont à l’affût de la nourriture détenue par les touristes. Si Manon préfère les fuir, il faut surveiller de près Gabin et surtout Arthur qui ne demandent qu’à s’en approcher.




Mais le clou du spectacle est au pied de la montagne. Ici, des millions de chauve-souris vivent dans les cavités. Et chaque jour, vers 18 heures, elles s’envolent pour partir à la chasse d’insectes. C’est une séquence improbable que tout le monde veut voir et qui dure plus de 30 minutes. Une longue silhouette noire de petits vampires volant et hurlant à la tombée du jour, digne d’une scène du Seigneur des Anneaux… . Saisissant !


Le lendemain est une journée plus calme, et studieuse. Notre guesthouse possède quelques recoins tranquilles se prêtant parfaitement au travail d’école. Pendant qu’Arthur exécute ses petites additions et soustractions (qu’il demande à faire presque tous les jours), Manon et Gabin exercent leur allemand et travaillent les mathématiques pendant quelques heures. C’était une condition qu’Anne et moi avions posée pour mériter la récompense du soir : le spectacle du cirque de Battambang.


Phare Ponleu Selpak ('La Lumière des Arts’) est une association à Battambang qui tente d’améliorer la vie des familles cambodgiennes en leur offrant une formation artistique. Des cours de dessins et de peintures y sont donnés, mais aussi des cours de musique, de danse, de théâtre et de cirque, et ce, dès le plus jeune âge. L’ASBL s’est donnée pour mission de permettre aux jeunes d’évoluer dans un environnement social sain et de leur fournir à terme un emploi en tant qu’artiste accompli. Bien qu’il s’agisse de non-professionnels, nous avons tous les cinq été éblouis par la qualité du spectacle. Danse, théâtre, musique et acrobaties,… du cirque original mêlant tous les arts et qui nous rappelle copieusement le style du Cirque du Soleil (avec les décors et le show en moins). Le tout sous un petit chapiteau plutôt discret contenant une centaine de places assises, à proximité des artistes. Du coup on a pu facilement échanger quelques sourires (et faire des photos) avec les comédiens-acrobates après le spectacle. On est sortis bouche-bée du chapiteau. Un très beau souvenir.



Alors que nous n’étions pas encore certains de passer par Battambang avant d’entrer au Cambodge, nous sommes loin de l’avoir regretté. Décidément, nous sommes encore au début du voyage et ce pays n’arrête pas de nous surprendre depuis le passage de la frontière… .

Demain, nous reprenons la route, ou plutôt les eaux. Nous quittons déjà Battambang pour une traversée aventureuse dans l’immense lac Tonlé Sap en direction de Siem Reap et ses célèbres temples d’Angkor.


Au final, à l’heure où j’écris ces lignes (Luang Prabang, Laos), Anne et moi (et les enfants aussi d’ailleurs) sommes déjà d’accord pour considérer le Cambodge comme un vrai coup de coeur. Et c’est en partie grâce à Albrecht et Véronique. Wir denken mit Freude und Wehmut an ihnen zurück, vielen Dank für alles!

Personal message to Albrecht : Concerning China, we followed your advice, it took us some time but we did the job… we finally got our visa in Luang Prabang, the itinerary is settled in Yunnan and everything is nearly booked ;-)



1 Comment


Joëlle Dick
Joëlle Dick
Mar 27, 2019

Magnifique récit! Trop top de vous lire👍😘😘😘

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